Freddy, Famille Solidaire : "J'ai décidé d'accueillir Mhemed bénévolement pour aider un jeune"
La rencontre de Freddy et Mhemed, jeune migrant isolé, grâce au programme Famille Solidaire
Freddy : « Je m'appelle Freddy, j'ai 38 ans depuis le 6 avril et la relation que j'ai avec Mhemed, c'est qu'en fait je suis son parrain avec France Parrainages et au sein du programme Famille Solidaire. J'accueille Mehmed bénévolement depuis maintenant presque un an et demi. Il est arrivé chez moi fin juin 2022. Mhemed a maintenant 18 ans et demi. Il est arrivé chez moi un petit peu avant ces 17 ans. »
Mhemed : « Je m'appelle Mhemed, j'ai 18 ans et demi. Je suis Tunisien. Je suis arrivé en France à 15 ans et trois mois. »
Freddy : « J'ai décidé d'accueillir Mhemed bénévolement pour aider un jeune. Je me suis dit, mais pourquoi pas faire une bonne action avec France Parrainages et récupérer un jeune et s'en occuper à temps plein alors que je ne suis pas du tout éducateur, mais j'ai voulu tenter cette expérience avec l'association.
Mhemed : « Avant de venir ici, j'habitais en foyer, à Boissy Saint Léger, au Kremlin, à Valenton. Après, je suis parti en appartement, je suis resté neuf mois en appartement. Après, je suis retourné au foyer. Et après, je suis venu en Famille Solidaire. »
Accueil d'un migrant mineur à domicile : L’intégration et l’évolution de Mhemed grâce à Freddy, Famille Solidaire
Mhemed : « Je suis arrivé ici il y a un an et demi, je me plais ici, je peux compter sur Freddy tout le temps. Il est toujours là. Je suis à l’aise pour lui parler de mes problèmes. Parce que c'est à lui que j’en parle tout le temps.»
Freddy : « Mhemed, quand je l'ai connu en juin 2022, il parlait français, mais pas aussi bien qu'aujourd'hui. Donc je pense que le fait de vivre avec quelqu'un au quotidien, un Français qui maîtrise la langue, il n'a pas eu le choix que de parler français avec moi. Donc je trouve qu'il y a un énorme progrès. Même lui, il le voit en fait qu'en un an et demi, il parle français comme vous et moi. Alors il aura toujours un accent tunisien, c'est ce qui fait son charme. Mais il y a eu d'énormes progrès. Parce que le fait de ne pas être dans un foyer avec d'autres tunisiens à parler arabe, il n'a pas le choix que de parler français à domicile. C'est ce qui lui a aujourd'hui rendu un grand service dans le sens de l'apprentissage de la langue. Aujourd'hui on est pas mal. »
Mhemed : « Quand je suis arrivé chez Freddy je parlais pas bien français. Comme je suis toujours avec lui, j’ai arrêté de sortir avec mes potes. Je ne parle en arabe qu'avec ma famille. Ici, il y a Freddy tous les jours et puis au travail et à l'école, je parle français. Ça m'a changé beaucoup. Avec Freddy je ne peux pas lui parler en arabe parce qu'il ne comprend pas. Je lui parle en français. Depuis que je suis ici, ça a changé beaucoup de trucs dans ma vie. Avant, je n’allais pas trop à l'école, je faisais n'importe quoi. Ici, je vais tout le temps à l'école. Je vais tout le temps au travail. Je fais tout bien. Ça veut dire que ça m'a changé un peu, beaucoup même. »
Freddy : « Cet accueil apporte à Mhemed, je pense de la sérénité, de l'assurance. Beaucoup moins de stress. Parce que je l’ai tout de suite mis à l'aise. Je me suis dit, mais c'est pas parce qu'aujourd'hui, tu as 18 ans que forcément ma porte sera fermée. Que tu ais 18, 19 ans, 20 ans, tant que tout se passe bien chez moi, t'es le bienvenu, tu ne seras pas mis dehors. Et s'il faut que je continue à m'occuper de toi bénévolement, je continuera à le faire gracieusement et sans aucune contrepartie. »
Famille Solidaire : un accueil bénévole encadré par des professionnels de l'enfance
Mhemed : « Avec l'association, ça se passe bien. Et quand j'ai un problème aussi, je peux appeler mon éducatrice là-bas. Je lui explique, elle m’aide toujours. Pour mes papiers aussi, je peux compter sur elle. »
Freddy : « Ce qui m'a rassuré dans l'accompagnement de l'association, c'est que ce sont des professionnels, éducateurs spécialisés, dans les mineurs non accompagnés. Donc c'est beaucoup d'expérience, c'est une assurance pour moi de me dire que je suis accompagné, je ne suis pas seul, de se savoir évalué par un psychologue, avoir des entretiens avec un psychologue, avoir des entretiens à domicile. C'est quelque chose qui rassure énormément et ce qui m'a mis en confiance. »
« La mise en relation avec Mehmed a commencé lors d'un entretien à l'association France Parrainages, où il y avait donc la responsable du programme, une éducatrice, une référente de l'Aide Sociale à l'enfance, Mehmed et moi-même. Et à partir de là, on a échangé, on s'est présenté, je lui ai expliqué comment je fonctionnais, comment lui fonctionnait, qu'est-ce qu'on pouvait construire ensemble. Et à partir de là, on a déterminé un premier week-end d'intégration pour qu'il puisse venir à domicile et voir si on pouvait cohabiter ou non ensemble. Ça nous a permis de faire une vraie rencontre. On était 24/24H ensemble. Et à partir de là, il n'a plus voulu retourner au foyer. On avait d'autres week-end d'intégration prévues, mais il a voulu vite les écourter, vite les annuler pour arriver au plus vite chez moi parce que ça a été un réel coup de foudre. Il y a eu un feeling énorme. Et du coup, à partir de là, il a fait des pieds et des mains pour arriver au plus vite chez moi. »
Un soutien indispensable pour l’insertion des jeunes migrants sur notre territoire
Freddy : « Ce que ça m’apporte à moi de l'accueillir, il y a quelqu'un qui vous attend à domicile. Ça me permet de me décrocher de mon travail, parce que je pouvais passer de très grandes heures à mon travail. Là, pour le coup, j'ai un objectif, c'est de rentrer au plus vite pour m'occuper de lui, pour préparer à manger, pour qu'on puisse discuter, pour qu'il puisse me raconter sa journée, pour que je puisse lui raconter la mienne. Et du coup, c'est une occupation à temps plein. C'est une vie de famille. »
« Mhemed je le considère comme mon petit frère, mon petit protégé, dans le sens où, quand il doit rentrer et que je vois qu'il n'est pas là, je m'inquiète. Donc je l'appelle. Je le considère vraiment comme un petit protégé, je suis son référent ici en France. Il n'a pas de famille en France, donc je me considère comme un membre de sa famille, mais ici en France, qui plus est français. Je pense que je suis une figure pour lui. Je suis là pour lui. Je le considère comme un petit frère où il faut s'en occuper. »
Mhemed : « Aujourd'hui, je fais un apprentissage en cuisine. Je fais les plats. Parfois, je fais des desserts. Parfois, je fais des entrées. J'ai une semaine où je travaille, une semaine à l'école. Je me sens trop bien, parce que j'aime bien le métier. J’ai aussi trouvé ce travail grâce à Freddy, parce qu'il connaît la patronne, il est allé les voir pour moi. Ils m'ont pris directement. Et après, Freddy, il est venu me chercher à l'école. Après, j'ai signé mon contrat. J’ai commencé à travailler tout en allant à l'école. »
Freddy : « J'ai soutenu Mhemed dans son parcours scolaire et professionnel. Il est arrivé en juin. Et tout de suite, les premiers jours chez moi, j'ai commencé à démarcher les lycées professionnels à côté de mon domicile pour rencontrer le proviseur, pour lui faire comprendre qu'il faisait partie d'un programme Famille Solidaire, que je n'étais pas éducateur, mais qu’il était important pour moi de lui trouver rapidement un lycée et ensuite un employeur. On a réussi à avoir un lycée du premier coup. On a trouvé l'employeur, puisque c’est une de mes amies qui tient un établissement de restauration. Et elle nous a fait confiance, elle lui a fait confiance. Et à partir de là, il va à l'école, il va au travail, c'est un réel progrès. »
Le programme Famille Solidaire : une aventure humaine avant tout
Mhemed : « Freddy, je le vois comme un grand frère. Je compte sur lui. Parce qu'il est comme une famille. On est une famille ici. Il m'aide beaucoup pour tout. Pour mes papiers, pour l'école, mon travail, ma vie civile. Et ça se passe bien avec lui, je lui dit merci. »
Freddy : « Je conseille fortement le programme Famille Solidaire de France Parrainages. Le fait de récupérer un jeune comme ça, de donner la possibilité à un jeune de lui changer la vie, je trouve ça extraordinaire. C'est retrouver le sourire sur un visage d'un jeune. De lui laisser une chance, une chance formidable de pouvoir lui sortir la tête de sous-l'eau, de pouvoir l'aider, d'être là quotidiennement pour lui et j’encourage vraiment les gens à se renseigner et effectivement à prendre contact avec France Parrainages pour tout simplement essayer, se lancer dans l'aventure. »