De réfugié ivoirien à champion de France de Taekwondo, l'incroyable histoire de Falilou
Redécouvrir la vie de famille grâce au parrainage
J’ai vécu jusqu’à mes 15 ans en Côte d’Ivoire où je vivais avec ma mère. En 2009, je suis venu en France pour fuir la crise politique et espérer avoir une meilleure vie. J’ai été pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance qui m’a placé dans un foyer de Vitry-sur-Seine. Peu après mon arrivée au sein du foyer, je ressentais un mal-être durant le week-end, je voyais la plupart de mes camarades de foyer rejoindre leur famille, alors que je restais au sein de la structure tous les jours de la semaine.
Le parrainage m’a appris beaucoup, l’importance de la famille par exemple.
Lorsque le foyer de Vitry-sur-Seine nous a parlé du parrainage de proximité, j’étais très heureux de pouvoir tenter cette expérience. J’avais cependant quelques inquiétudes, en effet je suis quelqu’un de plutôt timide, qui se confie peu et je n’avais plus l’habitude de me retrouver au sein d’une famille.
À l’âge de 16 ans, j’ai eu la chance d’être parrainé par Brigitte, qui m’a réellement ouvert ses portes. J’avais l’impression de retrouver ma mère, elle était à ma disposition, j’avais tout à ma portée. Je suis sorti de cette aventure avec beaucoup de souvenirs, dont un qui m’a particulièrement marqué. Traditionnellement, je fêtais Noël au foyer avec mes camarades. Cette année-là, j’ai passé les fêtes de fin d’année avec ma marraine et sa famille, il y avait un tas de cadeaux au pied du sapin, dont un pour moi. Cela m’a beaucoup ému. Ces fêtes de Noël ont changé beaucoup de choses pour moi, j’ai reçu un ordinateur en cadeau, mais au-delà du matériel, c’était surtout le geste qui a compté. Lorsque je suis retourné au foyer avec mon nouvel ordinateur, tous mes camarades voulaient se faire parrainer ! (Rire). J’ai vraiment apprécié mon expérience avec Brigitte, chez elle j’avais ma propre chambre, on sortait ensemble le week-end. Le parrainage m’a appris beaucoup, l’importance de la famille par exemple.
Les précieux conseils de Jean-François, parrain et champion du monde de Taekwondo
Après six mois passés aux côtés de Brigitte, Annaëlle Mehr, Responsable du parrainage de proximité en Île-de-France, m’a proposé un autre parrainage, en lien avec une de mes passions, le taekwondo. J’ai donc rencontré mon nouveau parrain en 2011, Jean-François Sarr, champion de taekwondo lors de multiples compétitions nationales et internationales. Il a notamment remporté la Coupe du Monde Francophone en 2013, le championnat de France sénior en 2009 et de nombreux Open (Bahreïn, Israël, Grande Bretagne). Je le connaissais de réputation avant même de le rencontrer et qu’il devienne mon parrain. Il m’a beaucoup aidé et m’a notamment donné des conseils pour devenir meilleur en taekwondo. La considération qu'il m'a porté a été très importante pour moi, d'autant plus que c’est un grand professionnel, une référence dans ce sport. Même mon entraineur parlait de lui ! Lorsqu’il était mon parrain, j’ai pu voir l’humaniste qui est en lui, au-delà du champion qu’il est. Le parrainage n’a pas duré longtemps car il était très occupé et n’était donc pas souvent disponible, cependant ses conseils ont été précieux pour moi.
Après avoir obtenu la nationalité Française en 2015, j’ai passé les championnats nationaux de taekwondo et suis devenu champion de France, en catégorie moins de 58 kilos ! L’année d’après, j’ai remporté le titre de vice-champion de France de taekwondo et différentes compétitions, telle que l’Open des Pays de la Loire l’année dernière.
Une réussite personnelle, sportive.... et professionnelle !
Aujourd’hui, j’ai passé un bac pro et un BTS et je souhaite créer une société de sécurité. Je vais devoir économiser encore quelques temps avant de pouvoir me lancer vraiment, car pendant plusieurs années, je mettais de l’argent de côté pour pouvoir aider ma mère, restée en Côte d’Ivoire. Finalement, il ne me manque plus qu’un agrément et le capital financier pour pouvoir mettre sur pied mon projet.
Ces expériences m’ont marqué à vie, je les considère comme une famille de substitution.
Un dernier mot pour revenir sur les parrainages dont j’ai pu profiter. Tout d'abord je voudrais remercier Madame Santiago, Vice-présidente de l'Aide Sociale à l'Enfance, pour son soutien et son aide durant mon parcours au sein du foyer. Je tiens également à dire toute ma gratitude pour Marie-José Chaboub, Directrice du Tremplin 94, qui m'a accompagné dans mon projet professionnel. Enfin, je me permets de remercier Annaëlle Mehr, Responsable de France Parrainages Île-de-France, pour m'avoir fait découvrir le parrainage et ses bienfaits.
Ces expériences m’ont marqué à vie, les parrains font cela pour la bonne cause, chacun avec sa situation, avec ses conditions. Pour moi, ils remplacent des frères, des cousins, une famille. Je les considère un peu comme une famille de substitution, avec eux j’ai réussi à me dévoiler facilement, à parler de ma vie et de mes problèmes.
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