«Mieux vaut se tromper que de laisser un enfant en danger» - Le Parisien

France Parrainages prend la parole et s’engage en cosignant la tribune publiée par le collectif #NousToutes – Unicef France dans Le Parisien. Nous avons le devoir de propager ce cri d’alerte à propos de la situation des enfants victimes de violences, particulièrement en ces temps de confinement.

« Nous avons entre 0 et 15 ans. Nous sommes au moins 140 000 enfants exposés à la violence dans nos foyers. En 2016, 131 des nôtres ont été tués, 67 au sein de leur famille. Nous sommes officiellement 52 000 chaque année à subir des violences physiques et psychologiques, et bien plus nombreux qui n'en parlons pas. Plus de 165 000 à subir des viols ou tentatives de viol, souvent d'une personne de notre famille. Nous sommes des enfants, des adolescents, de tous les milieux sociaux, filles et garçons, victimes de la violence des adultes. Alors que nous avons peur dans notre foyer, les mesures qui nous protègent de l'épidémie de Covid-19 en cours dans le même temps nous y enferment et nous mettent davantage en danger. L'isolement actuel rend encore plus difficile à percevoir les signes des violences que nous vivons. Nos écoles sont fermées et la vigilance dont nous bénéficiions n'est plus possible. Notre silence est un cri, entendez-le
 
Ces mots, les enfants ne les disent pas, ils ne s'expriment pas toujours et encore moins dans ces termes d'adultes. Pourtant, les adultes doivent les entendre et doivent savoir. C'est pourquoi nous, associations œuvrant dans le domaine de l'enfance et associations de protection des droits de l'enfant, écrivons ces mots pour eux, pour les protéger. Nous poussons un cri.

Alors que commencera demain la huitième semaine de confinement, il est certain que les situations de violences à l'encontre des enfants augmentent dans ces circonstances particulières. 80 % des violences faites aux enfants ont lieu dans le cadre intrafamilial. Le nombre d'appels au 119 a augmenté de plus de 20 % depuis le début du confinement et même bondi de 89 % la semaine dernière. La situation est grave, elle est urgente. Confinés, les enfants voient leurs interactions sociales diminuer et leurs chances de pouvoir confier ce qu'ils vivent, de trouver du répit ou d'être aidés par un adulte bienveillant sont infimes. Les moyens d'alerter sont donc réduits, et les numéros d'urgence prennent encore plus d'importance. Ils peuvent dans certains cas être l'unique solution. L'importante hausse des signalements au 119 prouve que la sensibilisation est nécessaire et qu'elle devra impérativement se poursuivre.

La campagne d'information et de sensibilisation que nous avons lancée s'adresse aux enfants et aux jeunes en utilisant des mots simples afin qu'ils comprennent et en parlent, en caractérisant ce que sont les violences pour les aider à les identifier, en choisissant de communiquer en priorité sur les réseaux sociaux (#EntendonsLeursCris), que les adolescents fréquentent et en ciblant la presse destinée aux enfants.

Cette sensibilisation a eu des effets évidents sur les appels au 119, nous allons la poursuivre. En effet, après le confinement viendra la sortie du confinement, avec des conséquences économiques et sociales importantes, qui risquent de fragiliser les familles, en particulier les plus vulnérables, et de pérenniser ou d'accroître encore les violences faites aux enfants.

Plus largement, le cri que nous lançons doit être entendu de tous et de toutes : pendant le confinement comme après, il est et sera crucial de redoubler de vigilance et de signaler au 119 tout doute concernant les violences, physiques, psychologiques ou sexuelles, dont des enfants pourraient souffrir. On ne le dira jamais assez : mieux vaut signaler, au risque de se tromper, plutôt que de laisser un enfant en danger. »
 
Retrouvez la tribune directement sur Le Parisien>

La liste complète des co-signataires de la tribune du Collectif #NousToutes – UNICEF France :

AEDE Collectif Agir Ensemble pour les Droits de l’Enfant, Aide et Action, ANACEJ, CNAEMO, Colosse aux pieds d’argile, Droit d’enfance, L’Enfant Bleu, Service social international France, Solidarité Laïque, SOS Village d’enfants, UNIOPSS, COFRADE, SNMPMI (Syndicat national des médecins de PMI), CNAPE (fédération des associations de protection de l’enfance), France Parrainages, Repairs ! 75 et Repairs ! 94, Association Enfant Présent, ANPF (Association Nationale des Placements Familiaux), Le Monde à Travers un Regard, DEI, Association StopVEO, YES! 4 Humanity, Innocence en danger, Espoir CFDJ, AFFA (Association Francophone de femmes autistes), Fondation Le Refuge, ANDEF (Association nationale des directeurs enfance et famille), Vers Le Haut, Enfance et partage, BICE, Fondation Education contre le racisme, pour l'égalité, Mémoire Traumatique et Victimologie.