Efraín, père de Tamara, parrainée au Pérou : "À cause du confinement, je n'ai plus de revenu"
Confinement : la situation au Pérou
"Je m’appelle Efraín Jesús Huamán Velásquez, je suis le père de Tamara, âgée de 18 ans et parrainée depuis l’âge de 4 ans. Nous vivons au Pérou, dans la région de Callao, dans le district de Ventanilla Pachacutec."
"Depuis le 16 mars, l’Etat péruvien a mis en place un confinement obligatoire ainsi qu’un couvre-feu de 18h00 à 4h00 du matin afin d’éviter la propagation du coronavirus. Il est uniquement permis de quitter la maison, muni d’un masque et de gants, pour acheter de la nourriture, des médicaments, pour se rendre aux urgences hospitalières ou pour aller à la banque. Cependant, tout le monde ne peut respecter le confinement, notamment les plus précaires qui doivent subvenir aux besoins de leur famille. Cette période de quarantaine et de confinement avait d’abord été prévue sur une période de 15 jours. Elle est aujourd’hui prolongée jusqu’au 10 mai inclus afin de sauvegarder la vie et la santé du peuple péruvien."
Maintenir la scolarité des enfants au Pérou
"Les écoles sont fermées depuis le mois de mars. Concernant l’université, les cours en présentiel devaient débuter le 17 mars, mais ils ont été suspendus suite à l’épidémie de coronavirus. Nous ne connaissons pas encore la date de reprise des cours, mais je pense que tout se déroulera progressivement."
"Depuis le 1er avril, le ministère de l'Éducation a lancé une plate-forme de cours en ligne permettant aux étudiants de commencer leur travail académique. Tamara peut y accéder grâce à la tablette numérique que ses parrains lui ont généreusement offert. Tamara a des horaires de cours complets, c'est-à-dire que certains jours, elle commence à 8 h 30 jusqu'à 14 h 00 et d'autres de 12 h 00 à 19 h 30 et le samedi de 14 h 00 à 19 h 00. Selon son emploi du temps, elle aide aux travaux ménagers, elle effectue ses activités universitaires, elle regarde la télévision avec la famille, nous faisons aussi des jeux et des exercices."
"Ma fille comprend très bien les raisons de ce confinement puisqu’elle étudie les sciences de la santé, et plus particulièrement la nutrition. Bien qu’il lui soit difficile de rester confinée, elle sait que c'est la chose la plus appropriée pour le moment. Tamara est cependant très inquiète concernant les évaluations à l’université et la manière dont elles vont se dérouler."
Au Pérou : des familles vulnérables fragilisées par le confinement
"L’enfermement entraine de nombreuses conséquences : le désespoir, le stress, l’inquiétude, l’impuissance de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de votre famille, de ne pouvoir l’aider.
"Nous continuons de recevoir les dons de l’association par le biais de transactions bancaires."
"Les autorités péruviennes ont versé des subventions afin de soutenir ces familles vulnérables. Mais malheureusement, cette aide n’a pas atteint tout le monde. À Pachacutec, au sein des 37 familles soutenues par le parrainage international, seules vingt-cinq ont reçu ce soutien financier. Chaque jour, la situation économique de nombreuses familles s’aggrave. Le gouvernement a également soutenu financièrement les municipalités pour mettre en place des distributions de nourriture aux enfants et familles les plus démunis. Là encore, les investissements n’étaient pas suffisants pour répondre aux besoins."
"Comme l’accès aux banques est autorisé durant le confinement et que les agences bancaires fonctionnent normalement, nous continuons de recevoir les dons de l’association par le biais de transactions bancaires."
L'impossibilité de travailler entraine les parents et les enfants dans la précarité
"Concernant mon cas personnel, je ne peux plus travailler non plus car nous ne pouvons plus vendre nos produits artisanaux durant le confinement. Notre travail consiste à fabriquer des sacs à dos artisanaux en tissus andins, destinés au marché touristique principalement. Nos acheteurs sont des galeries d'artisanat et nous ne savons pas si elles ouvriront le reste de l'année."
"À cause du confinement, il n’y a plus de ventes, tout est paralysé, je n’ai plus de revenu pour assurer les besoins vitaux de ma famille. Le peu d’argent que nous avions pu mettre de côté a été utilisé durant cette période. Si je souhaitais continuer à vendre mes produits, je risquerais une amende de 430 soles (environ 116 euros). J’ai quelques matériaux, que je prévois d’utiliser pour faire des masques mais la seule façon de les vendre serait de mettre une pancarte devant ma porte ou de risquer d'aller sur les marchés en prenant les précautions nécessaires."
"Nous espérons vraiment que nous pourrons retourner travailler une fois le confinement terminé. Cependant, cela risque d’être très difficile puisque le gouvernement souhaite maintenir des restrictions tout au long de l’année."