Pour bien intégrer les jeunes migrants isolés - La Croix
« Depuis 2007, la loi a clairement rappelé que tous les mineurs – sans distinction de nationalité – relevaient de la protection de l’enfance dès lors qu’ils étaient privés de leur famille, intégrant ainsi la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) dans la compétence des départements. Il revient ainsi aux services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de leur apporter un accompagnement et de leur permettre d’accéder aux différentes formes d’autonomie : résidentielle, financière, administrative, ainsi qu’un accès à l’éducation et au marché du travail.
Mais des questions subsistent quant à la qualité de leur accompagnement et les raisons de l’échec de leur insertion. Pourquoi ces jeunes migrants, malgré une prise en charge dans de nombreux domaines, ne réussissent-ils pas leur intégration ? Un début de réponse se profile dans les pages d’un dossier publié par l’Observatoire national de la protection de l’enfance en février 2017. On y remarque alors que « les professionnels chargés d’accompagner les jeunes étrangers isolés sont souvent pris par l’urgence des questions administratives… On néglige parfois au passage ce qui touche au parcours antérieur du jeune, son vécu, ses fragilités. Ses besoins psychiques, affectifs, relationnels peuvent vite passer au second plan, tout comme ses besoins d’être écouté, de penser son parcours, d’être informé, de s’exprimer sur sa situation, de s’approprier, ou non, ce qui lui est proposé. » Lorsque des enfants fuient la répression, la misère ou l’exploitation dont ils sont les victimes, une prise en charge partielle ne peut suffire. L’accueil est décisif dans leur processus d’intégration.
Aujourd’hui, nous, associations et organisations de mobilisation citoyenne, proposons des solutions concrètes pour éviter à ces enfants de sombrer, une fois adultes, dans la précarité. Les associations de parrainage, regroupées au sein du Réseau France parrainages, viennent de publier une étude sur les apports du parrainage pour les mineurs non accompagnés, faisant état des nombreux bénéfices du parrainage de proximité. Grâce au soutien d’un parrain ou d’une marraine bénévole qui devient pour le jeune une figure d’attachement et qui va s’impliquer dans ses choix d’orientation et dans son projet professionnel, ce parrainage permet une meilleure insertion du mineur non accompagné. Grâce à l’immersion dans la culture française, à l’apprentissage de la langue et des codes sociaux, son accompagnement par un parrain ou une marraine se veut facteur d’intégration. En proposant un cadre familial sécurisant, des repères stables contribuant à la construction de sa personnalité, le parrainage devient un facteur d’inclusion du jeune migrant dans la société, contribuant par là même à en faire un adulte engagé. En luttant contre l’isolement et en créant un lien d’attachement sur la durée, le parrainage de proximité est avant tout un dispositif complémentaire de l’ASE. Complémentaire, mais surtout essentiel, pour éviter une recrudescence du nombre de jeunes marginalisés car isolés au sein des foyers d’hébergement.
Les associations de parrainage engagent des citoyens à jouer un rôle dans l’intégration des jeunes migrants en leur consacrant du temps, un accompagnement personnalisé et parfois un accueil durable et solidaire à leur domicile. Le parrainage de proximité est une carte à jouer pour les services de protection de l’enfance quelque peu submergés. Mais, sans réelle volonté politique ni financements pour accompagner et développer cet élan citoyen, ces solutions ne seront que des pansements sur des plaies ouvertes. C’est pourquoi nous demandons un soutien sans faille de la part des collectivités territoriales et de l’État pour être en mesure de proposer à tous les jeunes migrants isolés un accompagnement par un parrain ou une marraine bénévole. L’accueil digne et le suivi du parcours de ces jeunes ne doivent pas être des charges mais un pari et un investissement sur l’avenir pour favoriser le développement d’une France multiculturelle, un monde ouvert, plus solidaire et relationnellement plus riche. Il appartient à chacun de comprendre la chance que ces jeunes représentent pour notre pays. »