Regards croisés entre Tamara, parrainée au Pérou et son parrain Roberto
Tamara, une jeune fille brillante parrainée au Pérou
Parrainer un enfant dans le monde : un lien fort au-delà des frontières
« Il s’est formé une amitié entre mes parrains et moi. C’est une amitié où il y a de la confiance, de la communication »
"Je m’appelle Tamara, j’ai 20 ans et je vis à Lima au Pérou dans la province constitutionnelle du Callao, plus précisément dans le quartier de Ventanilla à Pachacutec. J’ai été parrainée car la situation économique et sociale de ma famille nécessitait de compter sur une aide extérieure pour couvrir mes frais de scolarité et pour continuer l’école. Mes parents sont artisans, ils vendent exclusivement leur production à des touristes dans des galeries, et c’est leur seul travail actuellement."
Parrainer à l’international : une aide essentielle pour les enfants défavorisés
"Je vis à Pachacutec depuis que j’ai 4 ans. À cette époque-là, il n’y avait pas de service de base à Pachacutec, comme l’électricité ou l’eau potable. Aujourd’hui, il y a de l’eau potable à Pachacutec et de l’électricité mais il manque encore de nombreux services pour que la population puisse se développer et aller de l’avant."
"En dehors des problèmes sociaux à Pachacutec, comme les grossesses précoces par exemple, il y a des problèmes de santé comme l’anémie et des problèmes économiques. Beaucoup de jeunes filles continuent de tomber enceinte à 14 ans ou 15 ans et perdent ainsi la motivation d’étudier et commencent à travailler pour pouvoir subvenir aux besoins de leur enfant. Il y a beaucoup de violence à l’encontre des femmes au Pérou de manière générale. Les autorités mettent certaines choses en place mais c’est loin d’être suffisant car la scolarisation des filles reste très faible. "
"Il y a beaucoup d’insécurité civile à Pachacutec, beaucoup de délinquance, beaucoup d’addictions chez les jeunes qui ont arrêté leurs études à cause de problèmes familiaux et économiques, et ceci les a conduits à réaliser des activités qui vont à l’encontre de leur santé et de leur vie sociale, avec beaucoup d’agressions."
Parrainer une fille pour favoriser son émancipation et son engagement dans la société
"J’y suis restée pendant 3 ans. Comme ce collège était aussi un internat, je ne pouvais pas rentrer tous les jours chez moi et je ne voyais mes parents qu’une fois par semaine, pendant les week-ends. C’était difficile au début à cause de l’éloignement mais j’ai pu trouver la force grâce à mes parents et à mes parrains qui ont rendu possible le fait que je reste dans ce collège et que je me découvre. C’est là que j’ai su ce que je voulais faire dans la vie, que j’ai acquis de nouvelles aptitudes, de nouvelles compétences, et à la fin, j’avais une idée claire sur ce que je voulais dans la vie. C’est une immense joie de pouvoir réaliser ce dont je rêvais il y a quelques années."
"J’ai choisi cette formation car il y a de nombreux problèmes de santé au Pérou, comme l’obésité, l’anémie, le diabète infantile, le diabète chez les adultes, l’hypertension... C’est en constatant cette réalité que je me suis dit : « pourquoi ne pas contribuer ou apporter quelque chose à mon pays pour améliorer ces situations ? ». Par la suite, j’aspire à me spécialiser en nutrition clinique pédiatrique et travailler dans un des CHU les plus spécialisés du Pérou, l’Institut National de la Santé de l’Enfant."
"Heureusement, je peux toujours compter sur le soutien de mon parrain pour cette formation. J’ai obtenu une bourse qui couvre la moitié des frais de scolarité et mes parrains financent l’autre partie. Ils me soutiennent aussi sur l’alimentation et sur l’achat de certaines fournitures. Sans le soutien de mes parrains, ce projet ne serait pas possible."
Le parrainage : Une relation de confiance et un soutien moral grâce aux échanges épistolaires
"Lorsque j’étais au collège, à l’adolescence, j’ai vécu des expériences très compliquées propres à cet âge, j’avais beaucoup d’insécurités. Je les ai partagées avec mes parrains et ils m’ont vraiment apporté une aide précieuse et émotionnelle, ils m’ont aidé à surmonter ces différentes situations. Ils font partie de ma famille, comme je l’ai toujours dit. Ça dépasse l’aspect économique. Il s’est créé un lien, j’aimerais qu’il soit incassable à travers le temps."
"Je pense et je sens que je lui apporte beaucoup de satisfaction et de gratitude parce que grâce à eux, j’avance dans mes études, j’avance dans mes objectifs, et je m’efforce toujours d’être meilleure chaque jour à travers mes notes et en tant que personne, et de cette manière je les remercie un peu pour tout ce qu’ils font pour moi et pour ma famille."
"Merci à l’association, pour avoir placé une personne merveilleuse sur mon chemin. Et aux parrains, je voudrais les encourager à parrainer les enfants de Pachacutec au Pérou, qui en ont aussi besoin. Ils font face à une réalité souvent difficile et ils ont besoin qu’on leur tende la main pour aller de l’avant."
Parrainez un enfant dans le monde
Roberto, un parrain dévoué à l’engagement sans faille
Roberto, de bénévole traducteur à parrain au Pérou
"Je suis Roberto, je suis né en Argentine, dans une famille immigrée juive allemande. Et je suis arrivé en Europe à l'âge de 11 ans. J'ai vécu dans différents pays. J'ai maintenant 68 ans et je suis le parrain de Tamara, qui comme moi est Sud-américaine. C'est une merveilleuse expérience, une belle aventure qui dure maintenant depuis 14 ans et qui, j'espère, va durer encore."
"À l’origine, j'ai souhaité parrainer un enfant à l’international car je voulais faire du volontariat, du bénévolat. J’ai vu que France Parrainages avait besoin de traducteurs. J'ai commencé comme traducteur pendant 2 ans durant lesquels j'ai traduit les lettres des parrains aux filleuls et des filleuls aux parrains entre différents pays. J'étais surtout orienté vers l'Amérique du Sud, le Pérou, et puis au bout de 2 ans, je me suis dit qu’il fallait que je me lance à mon tour dans cette aventure."
Des échanges de courriers pour tisser un lien de plus en plus fort au fil des années
"À travers le parrainage, je soutiens toujours Tamara encore aujourd’hui. Elle est entrée à l’université il y a 3 ans et demi, et son cursus doit durer 5 ans. Et nous la soutiendrons jusqu'au bout, bien sûr. Lorsque nous avons commencé notre parrainage, Tamara avait 7 ans. Nous avons appris à nous connaître petit à petit, et ce lien s’est intensifié, densifié et intimisé au fil des années. Et aujourd’hui, c’est comme si nous nous connaissions depuis toujours et c’est magnifique, c'est presque notre fille."
"À chaque fois que nous échangeons, elle nous surprend par ses lettres, par ses dessins, les montages et collages qu'elle fait. Elle a toujours une pensée pour nous lors de la fête des mères et la fête des pères, ce qui nous surprend à chaque fois. Mais aussi pour Noël, pour le Nouvel an, c'est impressionnant, à chaque fois elle pense à nous."
Les accomplissements de Tamara, une fierté pour son parrain
"Comment ne pas être fier du parcours de Tamara, c'est une réussite extraordinaire ! Je savais qu’elle vivait dans un bidonville, on a beaucoup discuté de ça et elle est très consciente de sa situation, de là d’où elle vient, du besoin d'en sortir, et sa volonté à s’en sortir est manifeste. C'était fantastique de pouvoir l'aider à faire ce parcours. C'est extrêmement satisfaisant de voir la progression, la positivité et la réponse de Tamara à cet investissement humain. Avant qu’elle vienne nous voir en France cette année, nous ne nous étions jamais vus en vrai. On a échangé beaucoup de courriers durant toutes ces années."
"Je pense lui avoir apporté une ouverture sur le monde. Quand on habite à Pachacutec, je pense que c'est un peu limité, on est dans la pauvreté, surtout lorsque l’on compare aux opportunités que l’on peut avoir en France. Donc l'ouverture culturelle, sociale et économique aussi. Je conseille à tout le monde de parrainer un enfant et de s'investir à fond sur une longue durée. C'est une aventure extraordinaire. "